Ecrire n'est pas décrire
Peindre n'est pas dépeindre
Georges Braque
De quoi est-il mort ?
de quoi sommes-nous vivants ?
qui nous répondra ?
Xavier Dandoy
Pourquoi ?
L’acteur est-il un artiste ?
Ce n’est pas si simple. Il ne suffit pas d’être sur une scène, ou d’avoir quelque chose à dire.
Peut-être, peut-être est-ce l’inverse, même. N’avoir rien de personnel à dire, mais se laisser transpercer par autre chose – se laisser la possibilité d’une expérience où l’individu émerge peu. Il est là. Juste une opportunité pour que quelque chose – d’une certaine qualité d’être – advienne. Peut-être, là, est l’art. Non pas dans l’œuvre mais dans l’expérience, non pas dans l’individu mais dans la transformation qui lui permet d’être le médium de quelque chose de plus vaste. En lui, peut-être. Mais sûrement de plus vaste que son histoire, son désir, sa volonté. Il y a – cela – qui se cherche encore un nom mais qui se sait et se devine.
Quelque chose de plus dense.
Pierre Vandenheede
1 - Corps-concret (poétique et en mouvement) et le Corps-individu (social et psychologique)
Le passage de la diagonale
2 - Déplacement et mouvement
La marche avant-arrière
Equilibre - déséquilibre
3 - Centre et périphérie
L’espace m’appartient dans sa totalité, mais je n’y suis pas seul
4 - L’instant présent et l’imaginaire
Le mouvement au-delà des dimensions du corps
Les frontières de l’imaginaire
5 - Axes et direction
L’énergie est dans les plis du corps
Le diaphragme et le souffle
6 - Horizontalité et verticalité construites
Empreintes au sol et micro-mouvements
7 - La lumière montre et l’ombre dévoile
Chaînes de mouvement et geste artistique
Regarder et se laisser regarder
8 - Le rythme et mouvement
Percussions et appels
Variations et rituels
9 - Identité et altérité
Se relier à soi par les autres
Construction collective
10 - Histoire et fait divers
Le geste initié et le geste anecdotique
11 - La pulsation du corps et la vibration de la création digitale
La poésie du mouvement dans l’expérience numérique
Continuité et disruption
12 - La perception par le corps et le basculement du plan
Faire de l’espace avec du temps
Faire du temps avec l’espace
Méthodologie de la formation de l'acteur-créateur
12 passages proposés:
Pour découvrir et entrer dans l'esthétique et la conception du monde japonais,
quelques mots / concepts sont utiles : l'ombre, la soustraction et le ternaire.
En 1933 Tanizaki édite un petit essai : "Eloge de l'ombre". Cet ouvrage explore la
perception culturelle et esthétique de la lumière et de l'ombre dans la société
japonaise en mettant en avant quelques idées clés. Pour percevoir la subtilité et la
finesse de l'art japonais, l'ombre et l'obscurité sont préférables. Alors que la pleine
lumière écrase l'oeuvre, l'ombre invite à une approche plus lente et plus sensuelle de
l'art. Qu'il s'agisse d'architecture, de théâtre ou de poterie, le monde japonais ne se
dévoile que progressivement et c'est cette obscurité qui met en valeur le travail de
l'artiste.
A côté et peut-être de manière corollaire à l'ombre, le monde oriental se fonde sur la
soustraction. La cosmovision occidentale est, la plupart du temps, fondée sur la
croissance et l'addition : désir de croissance économique, reconnaissance,
recherche de l'extraordinaire, de la nouveauté etc. Le Japon explore la parcimonie,
l'épure. La maison traditionnelle niponne est petite, presque monochrome avec des
pièces aux fonctions interchangeables, habillées de papier, de tatamis et de futons.
Le “No" épuise la lenteur et la langue elle-même s'économise : une seule phrase peut avoir plusieurs significations en fonction du contexte ou de l'interlocuteur.
Le ternaire, enfin, héritage du bouddhisme, traverse les pratiques spirituelles et
corporelles japonaises. Un kata martial se comprend à 3 niveaux qui racontent chacun
une histoire différente. Il y a bien sûr le niveau martial concret : chaque mouvement a
une raison d'être concrète, pratique. A côté de ce premier niveau, il y a une lecture
énergétique, une manière d'éduquer le corps à une mobilité qui mobilise la
soustraction que nous avons évoquée. Enfin, troisième niveau, un kata raconte une
histoire spirituelle, un enseignement sur le monde issu du bouddhisme ou du
shintoïsme. Dans une même optique, les cursus d'apprentissage traditionnel passent
par 3 stades. Il y a d'abord la forme. Apprendre la forme /terre précise, kata dans
les arts martiaux, forme de danse ou rythmique dans le poème. Vient ensuite
l'espace/homme quand l'apprenant maîtrise la forme, il peut aborder un nouveau
stade de travail, plus énergétique, où il occupe un espace, apprend à susciter le
mouvement et à l'accompagner dans le corps de l'autre. Enfin, il aborde après 10 ou
15 ans de pratique assidue, le temps/ciel. A ce stade, la forme et le corps sont
transcendés dans ce que nous nommons dans notre vocabulaire occidental,
l'intuition. A la manière d'un koan zen, c'est à travers des phrases simples, des
paradoxes insolubles que se transmet l'enseignement du maître.
Pierre Vanden Heede.
Le haiku s'inscrit dans cette tradition, à la fois éloge de l'ombre et soustraction dans
ses moyens, il évolue depuis une image souvent légère et bucolique vers une forme
de koan zen.